Dessinée
par Pinin
Farina et carrossée par la Carrozzeria Scaglietti, ce modèle est
considéré par
les passionnés de la marque comme l'une des plus belles Ferrari et l'un
des
plus beaux cabriolets de l'histoire de l'automobile.
Son nom complet est « Ferrari
250 Granturismo Spyder California » ou simplement « Ferrari
250
California », mais contrairement à ce que laisse penser ce nom,
elle n'est
pas un spyder pur, mais plutot une déclinaison cabriolet de la berlinette de
l'époque. Elle sera produite à
une centaine d'exemplaires, dont la moitié environ en version "châssis
long" (LWB) entre 1958 et 1960, et le reste en version "châssis court" (SWB) de 1960
à 1962.
L'idée de construire un cabriolet sur la base d'une coupé sportive appartient à deux
importants concessionnaires américains, Jon von Neumann en Californie
et Luigi
Chinetti à New York. Depuis peu
l'Amérique
se passionne pour la compétition automobile telle que pratiquée en
Europe avec
des « petites » voitures de sport, comparées aux grosses
« muscels
cars ». C’est ainsi que la plupart des constructeurs de voitures
de sport du
vieux-continent écoulent outre-Atlantique une grande partie de leur
production. De plus, les
décapotables connaissent un grand succès, notamment sur la côte Ouest. Ainsi, Chinetti et Nemann convainquent
Ferrari à produire un cabriolet radicalement sportif à destiner
exclusivement
à l'Amérique, où il existe un marché pour une déclinaison hardtop d'une
voiture
de course.
Enzo Ferrari ne
souhaitait pas produire un tel modèle, considérant que la 250 GT Cabriolet
Pinin
Farina, populaire en Europe, était déjà disponible au catalogue de
l'entreprise.
Mais pour les deux américains, connaisseurs de leur marché, la
luxueuse Cabriolet de Pinin Farina ne pouvait réussir à combler cette niche de sportifs. Il est d’ailleurs probable
que si Ferrari n'avait pas accepté leur demande, Chinetti
et Neumann auraient acquis des 250 GT
TdF ou SWB, et confié leur transformation en spider à Scaglietti. C'est
en
effet ce qu'ils firent en 1967 à quelques Ferrari 275 GTB/4 alors que
Ferrari
s'y opposait.
C'est
ainsi que naît
la 250 GT California Spyder, dont le nom est un clin d'œil à sa future
clientèle californienne. Ses performances de voiture de course, son
nombre
limité d'exemplaires et ses spécifications propres à chaque modèle,
expliquent
sûrement l'intérêt qu'on lui porte encore aujourd'hui.
Dans un premier
temps
présentée sous la forme d'un prototype en 1957, sa production en série
débutera
au deuxième trimestre de 1958. Lors du Salon de l'automobile de Genève
de 1960, la California
Spyder, jusqu'alors produite sur le châssis long de 2,60 m, est
remplacée par une version châssis court avec un empattement réduit à
2,40 m, suivant ainsi le traitement récemment reçu par la berlinette sur laquelle
elle est
basée.
Très
proche
esthétiquement de la luxueuse Ferrari 250 Cabriolet Pinin Farina
Series I, la California est néanmoins
plus élancée,
avec une ligne de carrosserie fluide, s'étirant des feux avant au galbe
des
ailes, et associée à l'agressivité de la calandre. Elle reprend la plupart des aspects
esthétiques de la berlinette sur laquelle elle est basée, notamment le passage de roues arrière
très galbé, ainsi que
les ouïes latérales. L'inclinaison du pare-brise est en revanche plus
prononcée
puisqu'il s'agit d'un cabriolet. L'adoption en 1960 du
châssis court lui donne des proportions
plus
compactes qui musclent sa silhouette. Les deux versions de la
California se distinguent aussi par la
prise
d'air sur le capot qui sert à alimenter en air les carburateurs, qui est à demi encastrée sur la version
SWB.
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Montée à
la main, la
250 GT California Spyder est carrossée par la Carrozzeria Scaglietti
dans ses
ateliers de Modène, comme la plupart des modèles de compétition Ferrari
de
l'époque, Pinin Farina étant trop occupé pour en assurer la production. Contrairement au
Cabriolet Pinin Farina, Scaglietti opte pour des phares carénés sous plexiglas,
sauf en Italie où la législation imposait des phares non carénés.
Partageant son
châssis et ses trains avec la 250 GT TdF, la California Spyder est dotée d'une
suspension indépendante à triangles superposés et à ressorts hélicoïdaux à
l'avant, et d'un pont rigide à l'arrière, suspendu par des ressorts à lames. Son châssis évolua dans le détail avec celui
de la berlinette TDF puis SWB. Le passage à 2 400 mm d'empattement est
également l'occasion d'élargir les voies et de diminuer la garde au sol. Le châssis tubulaire,
sur lequel repose une carrosserie constituée d'acier hormis pour les ouvrants,
réalisés en aluminium, est plus lourd d'une centaine de kilogrammes que celui
de la berlinette, compte tenu de la nécessité de renforcer l'architecture du
cabriolet, en raison de l'absence de toit rigide.
Quant au moteur, la California
Spyder est propulsée par le traditionnel Colombo à 12 cylindres
en V (Type 168) en alliage léger à deux arbres à cames en tête et deux soupapes
par cylindre. Ouvert à 60°, disposant
d'une cylindrée de 2 953 cm3 (73 mm × 58,8 mm) et alimenté par trois
carburateurs Weber double corps de 36 millimètres (DCL), puis de 42 millimètres
(DCL/6) à partir de 1960, le moteur développe dans un premier temps 240 ch à 7
000 tr/min pour la version LWB avant d'être porté à 280 ch lors du passage au
châssis court grâce à ses nouvelles
culasses et à ses soupapes plus grosses. La boîte de vitesses à 4 rapports, est complétée par un overdrive en 1960. Le freinage est
assuré par des freins à tambour jusqu'en octobre 1959, date à laquelle elle
s'équipe de freins à disques Dunlop.
Pour ce qui est de leur vie sportive, un certain
nombre de California ont participé à des courses en endurance, en
remportant certaines belles victoires, comme lors des 12 Heures de Sebring en 1959 avec au
volant Richie Ginther et Howard Hively ou en 1960 avec Giorgio Scarlatti,
Fabrizio Serena et Carlo Abate. Pilotée par Bob Grossman et Fernand Tavano, la
California Spyder de l'équipe NART se classe également cinquième aux 24 Heures
du Mans 1959. |